L’histoire de la faïence dans le pays lunévillois remonte au XVIIIe siècle, et les gestes qui s’accomplissent encore à Saint-Clément sont le fruit de cette longue tradition.
Jacques Chambrette : un faïencier habile et entreprenant…
Jacques Chambrette a allumé les fours de sa première faïencerie de Lunéville en 1730. Suite à son invention de la « Terre de Pipe », une terre donnant une faïence fine et blanche, il se voit accorder de nouveaux privilèges. Il construit une nouvelle « manufacture de faïences fines à la mode d’Angleterre » en 1740.
Les affaires étant prospères, il décide alors d’établir une manufacture à Saint-Clément, où il trouve une bonne terre, de l’eau et du bois en abondance. En réalité, cette délocalisation étonnante était faite pour pouvoir mieux pénétrer le marché français : motifs de fiscalité, déjà ! Lunéville était alors capitale de la Lorraine, et Saint-Clément une terre française, et les droits à payer pour vendre en France 7 fois moins importants !
Malheureusement, Jacques Chambrette décède avant d’avoir pu allumer ses fours. Son fils Gabriel et son gendre Charles Loyal reprennent l’affaire et se voient attribuer le titre de Manufacture Royale par Stanislas le 3 mars 1758.
Richard Mique assure la prospérité de Saint-Clément…
A partir de 1763, Saint-Clément est la propriété de Richard Mique, architecte de le reine Marie Antoinette. C’est une période faste pour la manufacture qui produit pour Versailles et innove dans les formes et les décors. On crée alors des vases de style Louis XVI dorés à l’or fin, rare privilège ! La famille Thomas poursuivra cette tradition artistique au XIXe siècle, avec la participation de Charles et Emile Gallé.
K&G, la marque qui fait connaitre Lunéville dans le monde entier :
Les familles Keller et Guérin assureront la prospérité de la manufacture de Lunéville au XIXe siècle. La production s’intensifie et devient industrielle après 1870. Le volet artistique n’est cependant pas oublié, puisque un atelier d’Art produit des faïences qui ont un vif succès à New York, où la manufacture a ouvert un magasin. En 1892, les manufactures de Lunéville et Saint-Clément, à nouveau réunies, dominent le marché français.
Le groupe Fenal maintient la tradition faïencière dans le Lunévillois au XXe siècle
A partir de 1922, Théophile Fenal, propriétaire de la faïencerie de Badonviller prend en main les destinées du groupe. Des artistes de renom (les frères Mougin, Géo Condé, …) apportent toujours une note artistique aux productions.
Dans les années 1980, le groupe s’unit à Sarreguemines et poursuit les productions traditionnelles, tout en innovant avec des stylistes contemporains, tels Pierre Cazenove, Régis Dho, Paul Flickinger…
L’aventure continue au XXIe siècle…
En décembre 2OO6, le groupe Fenal est repris par le groupe « Faïence et Cristal de France » qui regroupe alors les manufactures Niderviller, Vallerysthal et Portieux, toutes créées au XVIIIe siècle et au passé prestigieux. Le nouveau groupe « Terres d’Est » continue de produire à Saint-Clément sous les marques Saint-Clément, Lunéville, Obernai et Niderviller. Depuis 2012, le groupe « Les Jolies céramiques » dirige l’entreprise et perpétue la tradition faïencière à Saint-Clément.